Besoin de publier ce petit texte écrit deux jours après le décès de mon grand-père... Il avait 97 ans.

Papinou était un pince sans rire, bourru mais très tendre. Je me souviendrai de lui avec un crayon de bois derrière l’oreille et quelques médailles de peinture sur ses vêtements en plein bricolage. Toujours prêt à aider !

Pour les réparations de fortune, il était le roi du mastic … et pour les petites bosses, il avait toujours un tube d’arnica !

Ce papi-là qui venait me chercher à l’école en mobylette ou à pied pour me laisser le temps de cueillir les pensées sauvages qui poussent sur les trottoirs était aussi celui qui fumait en cachette au fond du jardin, comme un enfant !

Passionnément, il m’a appris la patience des collectionneurs, des philatélistes. Il m’a montré pour peindre une aquarelle, par quelles étapes du dessin il faut passer.

Enfant, j’étais impressionnée par tous ses livres et ses médailles militaires. Il était très fier d’être porte drapeau.

Je le revois aussi, lors des repas en famille souvent prêt à s’installer pour une partie de belote en marcel sur la terrasse, une bière ou un verre de whisky à la main.

Je n’oublierai jamais le beau jeune homme qu’il a été, en uniforme dans le médaillon de la chambre de mamie Agnès.

Je penserai aussi à ces blessures de guerre qu’il confiait parfois, pas si souvent.. pudiquement… Il en a traversé ce papinou des galères dans ce 20^ème siècle, dont il a toujours réussi à se sortir habilement et intelligemment !

Les  serviettes pliées en forme de souris et sa petite manie des boulettes de pain qu’il laissait sur la table nous manqueront…

Ce papi-là, j’ai eu la chance de le connaître assez longtemps pour le présenter à mes enfants. Grand-père et arrière grand-père attentionné, il va encore longtemps habiter nos pensées et nos discussions en famille sur : comment c’était la vie avant ?