pégagogie, école
Deux modèles se trouvent en opposition rappelle L. Paquay[1] , le praticien réflexif et l'enseignant efficace.
La pédagogie est à mon sens l'art de naviguer entre ces deux modèles... Le savoir faire est dans le dosage !
Trop d'un modèle et cela fait du pur transmissif, trop de l'autre et on tombe dans une utopie, pas en phase avec les besoins des apprenants.... Le tout est de savoir quelle ouverture ou fermeture on souhaite pour l'école....
L'enseignant efficace serait celui qui développerait des réflexes, une sorte de praticien qui appliquerait des techniques pédagogiques qui auraient fait leurs preuves dans certains contextes.
Le praticien réflexif serait un acteur apte à juger, à prendre des décisions en s'adaptant à la diversité des situations rencontrées.
Pendant le master, j'ai appris à élaborer des dispositifs de formation, en prenant appui sur une approche compréhensive des situations éducatives. J'ai observé et filmé des enseignants aux prises avec des élèves singuliers. Je les ai vus différencier et je leur ai demandé d'expliquer en quoi consistait leur travail.
Chacun a sa façon m'a donné une définition différente. Mais je n'ai vu aucun d'entre eux dans un modèle "applicationniste", tant il était évident que chaque contexte était différent.
Bien sûr, il est rassurant d'imaginer qu'il existe une pédagogie efficace, des situations idéales à plaquer, du matériel pédagogique optimal... mais c'est là la vraie utopie. Et c'est là le grand malaise.... Il n'existe pas de recette unique, et heureusement !
Faisons confiance en nos enseignants, révélons leur potentiel d'adaptation à leur public, vérifions ensemble les effets positifs ou inefficaces de telles ou telles directions pour les laisser décider de poursuivre ou non dans une voie. Il en va de leur expertise, de leur professionnalisme.
Cessons de leur donner des ordres, des injonctions, autorisons-les à réfléchir, à faire le point sur leur fonctionnement: il est tellement bon mais oh combien luxueux de "descendre du vélo pour se regarder pédaler"... Et pourtant c'est vital pour l'avenir de notre métier. Rien de tel que les échanges informels en marge des animations pédagogiques pour trouver des discussions brûlantes sur le cœur du métier... On y parle des vraies préoccupations, de celles qui nous travaillent. Tant que ces mots ne sont pas déposés, aussi alléchant que soit le thème de l'animation, la réception restera brouillée...
Je ne crois pas, je l'ai assez dit ici, à ces mots largement galvaudés par des imposteurs (efficaces, explicites).
Je crois en la capacité des enseignants de créer des dispositifs qui fonctionnent dans leur classe, dans leur contexte... en bricolant, variant les ingrédients... Je sais aussi qu'ils ont besoin d'échanger, de comparer leurs pratiques, de tâtonner pour se sentir bien dans leur pédagogie.
Des ateliers d'analyse de pratiques seront notre bouée de sauvetage, en pleine mer déchainée et haineuse à l'égard de notre statut de fonctionnaires "nantis"...